V. ARCANA BACULORUM

Hécate veille sur les secrets de Bacoli.

La villa Vanvitelli, nichée dans la ville de Bacoli près du lac Fusaro, baignait en pleine nuit dans une lueur d'éclairage indirect feutré. Loin des regards curieux, le lac isolait la villa, offrant un cadre parfait pour les réunions secrètes. Ce soir-là, malgré les possibilités offertes par les temps modernes, l'éclairage se faisait uniquement par des candélabres, respectant le rituel ancestral inspiré par la déesse Hécate, qui adoucissait l'effervescence d'une réunion du "Cultus Tenebrarum Lunae," le culte de la lune ténébreuse d'Hécate.

Bacoli, située à une certaine distance de Naples, est un lieu où le passé et le futur se rencontrent de manière fascinante. La ville est composée de bâtiments antiques, hérités des grandes civilisations, et modernisés grâce aux avancées architecturales et technologiques les plus récentes. Les villas, comme celle de Vanvitelli, préservent l'élégance des structures romaines classiques, tout en intégrant des matériaux et des techniques de construction ultramodernes. Les rues pavées côtoient des trottoirs intelligents, et les anciennes thermes sont maintenant équipées de systèmes de gestion énergétique avancés. 

Imaginez des villes du futur, où les vestiges de l'antiquité sont méticuleusement restaurés et intégrés dans un environnement high-tech. Les murs en marbre des temples sont renforcés par des alliages légers mais robustes, et les fresques anciennes sont protégées par des dômes de verre intelligent, capables de réguler la lumière et l'humidité pour les préserver. Les places publiques, autrefois lieux de rassemblement pour les marchés et les forums, sont désormais équipées de hologrammes interactifs et de réseaux de communication ultra-rapides.

Dans cette fusion harmonieuse du passé et du futur, Bacoli se dresse comme un symbole de la continuité et de l'innovation, un endroit où les mystères anciens coexistent avec les possibilités infinies de la technologie moderne.

Autour d'une grande table en marbre noir, trois représentants, chacun incarnant une faction dévouée à la déesse et ses adjuvants, étaient réunis. L'atmosphère était lourde de tensions et de murmures, alors qu'ils discutaient fiévreusement de l'essai raté qui avait secoué Naples récemment. Ces trois individus, choisis pour représenter les trois visages de Hécate, arboraient des tenues distinctives mêlant tradition et modernité : des tuniques sombres aux motifs luminescents de la lune et des étoiles.

Le premier représentant, nommé Lucius Nocturnus, grand et élancé, portait une tunique ornée de fils d'argent qui scintillaient à la lumière des candélabres. Son visage était sévère, et un tatouage en forme de croissant de lune ornait son front, symbole de sa dévotion à Hécate.

La deuxième, une femme nommée Claudia Tenebris, mystérieuse et silencieuse, portait une longue cape sombre brodée de motifs étoilés. Ses yeux, perçants et insondables, étaient encadrés par des tatouages de torches croisées, évoquant la lumière de Hécate guidant les âmes perdues.

Le troisième, Marcus Ferox, trapu et robuste, était vêtu d'une armure légère en cuir noir renforcé de plaques de métal gravées de runes anciennes. Ses bras nus révélaient des tatouages complexes représentant des serpents entrelacés, symboles de connaissance et de pouvoir occulte. Il était directement associé au monde des gladiateurs modernes, apportant la brutalité et la force physique nécessaire pour représenter leur culte dans les arènes contemporaines.

Chacun de ces représentants portait sur eux le symbole commun de leur allégeance : un tatouage discret mais distinctif, une triple lune entrelacée, représentant les trois visages de Hécate. Cette marque, gravée dans leur chair, était un signe de leur engagement indéfectible envers le culte de la déesse ténébreuse.

« Nous ne pouvons pas permettre d'autres erreurs ! » déclara Lucius Nocturnus, ses yeux brillant d'une colère contenue, son visage marqué par des traits sévères et une mâchoire carrée qui soulignaient sa détermination. « La terre ne devait pas trembler ce jour-là. Cela risque de nous démasquer. »

Claudia Tenebris, portant un collier d'or incrusté de serpents entrelacés, ses écailles reflétant les nuances de l'humeur de celui qui le porte, hocha gravement la tête. « Si la population commence à suspecter quelque chose, nos plans seront ruinés. Nous devons identifier la cause de cette erreur. »

« Qui est responsable de la préparation des rituels ? » intervint Marcus Ferox, son visage dissimulé sous une capuche attachée à son armure moderne de gladiateur, ne laissant apparaître que ses yeux perçants. « L'échec de cet essai met en péril notre avènement que nous avons prévu pour la finale des Ludi Gladiatorii Mundiales, les World Gladiatorial Games. »

Le silence qui suivit cette question était assourdissant. Tous les regards se tournèrent vers un homme resté en retrait, dont les traits crispés révélaient une profonde inquiétude. À peine éclairé par la lumière des candélabres, cet homme, de second rang dans la hiérarchie de l'Ordo Hecatae , était à peine visible. Sa voix tremblante brisa le silence : « Nous avons suivi les rituels à la lettre, mais il y a peut-être eu une interférence extérieure... ou une faille dans nos préparations. »

« Nous ne pouvons pas nous permettre de telles faiblesses, » gronda Claudia Tenebris. « La grande explosion doit se produire exactement comme prévu, au moment où les Ludi Gladiatorii Mundiales atteindront leur apogée. Ce sera le signal de notre ascension, la manifestation ultime de la puissance de notre déesse. Un nouveau monde sera prêt pour Hécate. »

Les écailles du collier de Claudia scintillèrent plus fort à mesure que sa colère s'intensifiait, tandis que les yeux des serpents rougissaient comme la lave en fusion, reflétant sa fureur grandissante.

Les murmures s'intensifièrent alors que les représentants débattaient des mesures à prendre. Lucius Nocturnus, le grand prêtre du Cultus Tenebrarum Lunae, prit la parole et s'adressa à l'homme qui était en second rang, dans la pénombre : « Peut-être devrions-nous renforcer nos protections et vérifier chaque détail des rituels à venir. Nous ne pouvons pas laisser le moindre grain de sable enrayer notre plan divin. »

La réunion se prolongea tard dans la nuit, chaque représentant cherchant des solutions pour éviter de nouveaux échecs. Les secrets de Bacoli devaient être protégés à tout prix, et la grande explosion préparée avec une précision infaillible. Le destin de leurs plans maléfiques en dépendait, et l'échec n'était pas une option.

Tandis que la réunion touchait à sa fin, une décision claire émergea : renforcer les contrôles, redoubler de vigilance, et éliminer toute source d'erreur possible. Les yeux de Hécate devaient rester tournés vers leur objectif ultime, sans dévier, jusqu'au jour fatidique où le monde verrait la véritable grandeur de leur culte.

Dans l'obscurité de la villa Vanvitelli, les représentants se dispersèrent, chacun avec une mission précise. Ils quittèrent la villa en silence, descendant vers les rives du lac Fusaro à bord de barques, se fondant dans les ténèbres de la nuit. Seuls quelques cliquetis d'eau brisaient le calme environnant, alors qu'ils choisissaient des voies différentes pour éviter d'attirer l’attention.

Dans les replis de la nuit, chaque membre de l'Ordo Hecatae se tint désormais prêt, déterminé à accomplir sa mission avec diligence et dévotion. Ils étaient unis dans leur engagement à respecter les consignes, à corriger les erreurs passées et à réussir là où ils avaient échoué. Guidés par leur foi en la puissance de leur déesse, ils avanceraient dans l'ombre, prêts à tout pour assurer le triomphe de leur dessein sinistre.

Partager cet article
Tags
Se connecter pour laisser un commentaire.
IV. EPISTULATRIX
Aulus hésite à prendre la route.