Je m'adresse à vous aujourd'hui, mes chers lecteurs, pour vous faire part d'une journée qui a marqué non seulement ma vie, mais l'histoire même de notre monde. C'était le 24 août 79 A.D., le jour où le Vésuve s'est éveillé dans toute sa fureur. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est que cette journée n'était pas simplement un désastre naturel. Derrière les volutes de cendres et les rivières de lave, se cachait une vérité bien plus sombre, une vérité qui a scellé mon destin et celui de Julius.
Ce matin-là, je me réveillai tard, peut-être aux alentours de la neuvième heure, le corps encore alourdi par les excès de la veille. Julius, mon ami, avait remporté une victoire éclatante dans l'arène, et nous avions célébré comme il se doit. Le vinum farlernum (7) avait coulé à flots, et les chants victorieux résonnaient encore dans les ruelles de Pompéi lorsque le soleil se leva sur cette fatidique journée.
Lorsque j'ouvris enfin les yeux, la lumière filtrant à travers les aulea (8) de ma villa sur la via Copiosa (9) révélait une scène familière, mais qui prenait aujourd'hui une teinte presque surréelle. Julius dormait encore à mes côtés, son corps puissant, marqué par les cicatrices de la bataille, reposait paisiblement après les festivités de la veille. Ce détail pourrait vous surprendre, mais il est important de comprendre que les liens qui nous unissaient dépassaient la simple camaraderie. Nous étions deux âmes liées par un destin commun, qui allait bien au-delà des simples conventions de notre époque.
Mais au-delà de l'euphorie de la victoire, quelque chose d'autre était en train de se préparer.
Aux alentours de la dixième heure, le sol trembla légèrement sous nos pieds. Mais à Pompéi, cela n’était pas si rare, et nous n'y prêtâmes guère attention au début, attribuant ces secousses à une réminiscence de la veille. Pourtant, à mesure que le jour avançait, les tremblements se firent plus insistants, plus menaçants. Des colonnes vacillaient, des statues s'effondraient. Le ciel, lui, devint d'un gris étrange, presque oppressant, annonçant l'arrivée d'une tempête de cendres qui allait recouvrir la ville.
Peu après la douzième heure, alors que le jour aurait dû briller de tout son éclat, l'obscurité s'étendit sur Pompéi. Le Vésuve avait commencé à vomir son courroux sous forme de cendres et de roches incandescentes. La chaleur devint insupportable, les cendres retombaient sur nos têtes comme une pluie maudite.
Nous sortîmes de la villa, Julius et moi, l'esprit enfin éveillé par la gravité de la situation. La foule était en panique, courant dans tous les sens, cherchant refuge là où il n’y en avait plus. La montagne sacrée, le Vésuve, rugissait, libérant son venin ardent sur la ville. Des éclairs zébraient le ciel noir de cendres, et des cris de terreur s'élevaient de toutes parts.
En dépit du chaos ambiant, nous tentâmes de fuir, de quitter cette ville devenue un enfer. Mais le chaos régnait partout. Les routes étaient encombrées, et chaque issue semblait nous ramener vers le cœur de la destruction. Julius, toujours en gladiateur aguerri, me protégeait des débris qui tombaient du ciel, usant de sa force pour écarter ceux qui tentaient de nous barrer le chemin. Mais bientôt, il devint évident que la fuite était impossible. La ville entière était prise au piège.
Nous retournâmes alors à ma villa, espérant trouver un abri dans ses murs solides. Mais rien ne pouvait résister à la fureur du Vésuve. À peine avions-nous franchi le seuil que le toit s'effondra sur nous, ensevelissant Julius et moi sous un amas de pierres et de cendres brûlantes. Je sentis la chaleur me consumer, la vie m'échapper, et dans un dernier regard, je vis Julius à mes côtés, son regard d'acier se voilant doucement dans l’obscurité.
Mais la mort, ce jour-là, ne fut pas la fin. Non, ce fut le début de quelque chose de bien plus grand. Alors que nos corps étaient ensevelis sous la cendre, quelque chose de surnaturel se produisit. Dans les ténèbres, je sentis une présence. Les dieux, dans leur infinie sagesse – ou peut-être cruauté – décidèrent que notre histoire ne s'arrêterait pas là.
Ce n’est que le lendemain, le 25 août, que tout s’acheva. Les coulées pyroclastiques avaient englouti la ville, recouvrant chaque rue, chaque demeure d’une couche mortelle de cendres et de débris. Le silence qui régnait alors n'était brisé que par le bruit étouffé des pierres qui se déplaçaient sous le poids des décombres. Alors que tout semblait perdu, que nous avions été réduits en cendres comme le reste de la ville, quelque chose d'inexplicable se produisit.
Nos corps, régénérés, se relevèrent des décombres. Les dieux nous avaient ressuscités, non pas en simples mortels, mais avec des pouvoirs que nul homme n'aurait pu imaginer. Nos corps, infusés de la force des dieux, pouvaient manipuler les éléments. Nos sens étaient décuplés, et nos esprits, éclairés d'une sagesse ancestrale. Les dieux nous avaient confié une mission : sauver ce monde de la destruction qui l'attendait, éradiquer les forces du mal qui se tramaient dans l'ombre.
C'est ainsi que nous fûmes arrachés à la mort pour devenir les instruments d'une puissance supérieure, pour prévenir d'autres catastrophes semblables à celle qui avait dévasté Pompéi. Aujourd'hui, alors que je contemple les événements récents et les secousses non naturelles que Julius m'a racontées, je ne peux m'empêcher de penser que l'histoire est en train de se répéter. Et cette fois, il nous incombe de faire ce qui doit être fait.
Les dieux nous ont confié cette mission, et nous ne faillirons pas.
(7) Le Vinum Falernum, ou vin de Falerne, était l'un des vins les plus prestigieux et recherchés dans la Rome antique. Produit dans la région du Mont Falernus, au sud de l'Italie, il était connu pour sa qualité exceptionnelle et son goût intense. Ce vin, souvent vieilli, était consommé lors des banquets et des célébrations par les élites romaines, y compris à Pompéi, et il symbolisait le luxe et le raffinement de l'époque.
(8) Aulaea : Ce terme latin désigne originellement les rideaux ou tentures utilisés dans les théâtres romains pour cacher la scène avant le début d'une représentation. Par extension, "aulaea" peut être utilisé pour décrire des tentures ou des draperies décoratives dans un contexte domestique, comme celles qui orneraient les murs ou les fenêtres d'une villa romaine.
(9) Le nom des rues
- Via Copiosa : Ce nom latin signifie littéralement "la rue de l'abondance" ou "la rue opulente". "Copiosa" vient du latin "copia", qui signifie "abondance" ou "richesse", évoquant la prospérité et la fertilité. Ce nom aurait été approprié pour une rue commerçante majeure, bordée de boutiques et de maisons riches, où la vie était marquée par une grande activité économique et sociale.
- Via dell'Abbondanza : Le nom moderne donné à cette rue après la découverte de Pompéi reflète également cette idée d'abondance. La rue est l'une des plus longues et des plus importantes de la ville, traversant Pompéi d'est en ouest. Elle est ainsi nommée en référence à une fresque représentant la déesse de l'Abondance (Abundantia) découverte dans la rue, symbolisant la richesse et la prospérité qui caractérisaient cet axe central de la vie urbaine.